Fighter – De David O.Russell

 Respectueux des codes immuables des grandes sagas de la boxe, David O. Russell raconte avec brio le retour inattendu d’Irish Micky Ward (Mark Wahlberg) entraîné par son demi-frère Dicky Eklund (Christian Bale).
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Fighter 
(The Fighter, États-Unis, 2010)
Réalisation de 
David O. Russell

Scénario : Scott Silver, Paul Tamasy et Eric Johnson,
sur une histoire de Keith Dorrington, Paul Tamasy et Eric Johnson.
Image : Hoyte Van Hoytema (Morse)
Interprétation : Mark Wahlberg (Micky Ward), Christian Bale (Dicky Eklund), Melissa Leo (Alice Ward), Amy Adams (Charlene Fleming), Jack McGee (George Ward), Mickey O’Keefe (lui-même)…

Oscars 2011 du meilleur acteur dans un second rôle pour Christian Bale
Oscars 2011 de lameilleure actrice dans un second rôle pour Melissa Leo

Synopsis
Micky Ward est un jeune boxeur dont la carrière stagne. Il va rencontrer Charlene, une femme au caractère bien trempé, qui va l’aider à s’affranchir de l’influence négative de sa mère, qui gère maladroitement sa carrière, et de ses sœurs envahissantes. Son demi-frère Dicky Eklund, lui, a connu la gloire sur le ring, il y a bien longtemps. C’était avant qu’il ne sombre dans la drogue, avant son séjour en prison. Entre le sportif en quête d’un second souffle et l’ex-toxico, il y a longtemps que le courant ne passe plus. Trop de non-dits, d’échecs et de souffrances. Pourtant, parfois, les hommes changent, et Micky et Dicky vont peut-être avoir ensemble, la chance de réussir ce qu’ils ont raté chacun de leur côté…
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Fighter
Evidemment au premier plan, en filigrane figure la boxe mais fort heureusement elle n’accapare pas tout l’écran, loin s’en faut !
Bien sur  il s’agit d’un biopic, inspiré car remarquablement adapté, de l’histoire des frères Ward, mais plus encore car se greffe sur l’histoire de ces deux frangins, demi-frères pour être précis, celle de leur famille et de la petite ville qui les a vu grandir Lowell, cité industrielle textile à l’agonie dans le Massachussetts.
Ce film parvient avec une redoutable efficacité à nous emmener sur les pas des deux frères, l’un Dicky Eklund qui connut une relative et courte heure de gloire surfe sur son aura locale et sur une tchatte à toute épreuve mais s’oublie trop fréquemment dans les volutes de crack (formidable Christian Bale) faciès émacié du drug-addict et élocution survoltée. Censé entrainer son frangin Micky (Mark Wahlberg) ses absences à répétitions sont sources de problèmes. Micky qui entre deux entrainements  bosse comme cantonnier (voir la splendide séquence d’ouverture, le balai-râteau raclant les graviers, plan au ras du sol  avant d’élargir le champ jusqu’au deux frérots et d’emprunter la rue principale élargissant celle-ci jusqu’à son point de fuite, images d’une petite cité américaine, elles seront nombreuses et toutes forts  justes et à propos ces images superbes que nous devons  au  responsable de la photographie Hoyte Van Hoytema (Morse) .
Pour chapeauter le tout ,la mère Alice Ward (Melissa Leo),  clamant les louanges du frère ainé et son (ancienne) gloire, véritable tiroir caisse de la famille, elle manage et parle bizzness tant bien que surtout mal, envoyant son cadet dans des combats merdiques et n’hésitant pas à le faire boxer dans une catégorie qui n’est pas la sienne , l’envoyant ainsi véritablement au casse-pipe.
Qu’il proteste et l’on évoque l’esprit de famille, l’ex-gloire du frère. Pourtant après une sévère défaite dans un combat par trop inégal, Micky va remporter un autre défi, aborder une bien  jolie barmaid, obtenir un rencard et de séance de ciné (imparable le cinéma d’auteur français) en rendez-vous, se trouver une allié dans cette fille lucide et déterminée. Charlene (Amy Adams) va lui ouvrir les yeux(et son cœur…et son lit..), le réveiller, l’émanciper, bousculer la famille …

Le film de David O. Russell  restitue à merveille une  certaine Amérique, les décors  et la photo fantastique créent  une ambiance très réaliste ou du moins qui semble telle pour ceux qui comme moi ne connaissent les states qu’en images ! Il faut voir ce cinéma, ce bar, et cette maison à crack d’où Dicky s’évacue presto chutant de deux étages sans problèmes atterrissant toujours sur le  même tas d’ordures.
Fighter reste un film sur la boxe, mais que dire de cette histoire d’amour, que dire de la dégringolade du frangin et sa possible rédemption, enfin toute cette galerie de personnages, ceux qui font la vie d’une petite cité, où le shérif  endosse la tenue d’entraineur-soigneur  assistant par exemple .
Fighter ménage son lot de suspense et constitue en cela un film prenant et malgré les coups rempli d’humanité ! Les amateurs du « noble art » apprécieront eux le combat final et même si l’on nous a maintes fois fait le coup force est de reconnaitre que cela marche toujours !!!

Fighter offre enfin de magnifiques numéros d’acteurs, ceux qui furent primés, Christian Bale évidemmentstupéfiant ! Melissa Leo prête à faire le coup de poing ou de talons aiguille à la tête de sa bande de harpies ! Et ceux qui ne le furent pas, Mark Wahlberg  sans doute victime du choix cartésien qu’il fallut faire face à Bale ! Et puis pour sa jolie frimousse mon petit oscar du joli sourire ira à Amy Adams bien sur !
Oui voila un film fort bien agréable, de par son sujet mais d’autant plus de par l’univers qu’il nous fait pénétrer, une plongée in America le tout emmené par une troupe d’acteurs au top de leur forme !
Allez je glisse une pièce dans le juke- box et tout à l’heure j’irai trainer mes guêtres du coté du boxing-club, à moins que j’me fasse un bowling (tiens si le Duke était par là ) …

CritiKat.Com « …e film se distingue par une relative et peut-être trompeuse économie de moyens, qui mêle style documentaire et codes du ciné indé, privilégiant caméras portées ou steadicam, du moins dans ses séquences « socio-dramatiques » ; plus inédites que la parabole du champion qui se relève, ces dernières rognent donc (comme sa famille) sur la reconquête de Micky, quand bien même les combats, cadrés par les équipes de HBO (pas des inconnus pour Wahlberg), atteignent une vérité pas si fréquente. S’adjoignant le talent du directeur photo de Morse, Russell étouffe l’esbroufe et développe son élégant réalisme, servi par des interprètes pas toujours subtils mais souvent bluffants. Il touche ainsi dans ses moments les plus réussis à la simplicité émouvante,…. »
Le Monde.Fr – Entre réel et fiction, le cinéma vainqueur aux points

Jimmy Rivière – De Teddy Lussi-Modest

Jimmy Rivière
Réalisation de 
Teddy Lussi-Modest
Scénario de  

Rebecca Zlotowski & Teddy Lussi-Modeste

Interprétation : Guillaume Gouix (Jimmy Rivière), Béatrice Dalle (Gina), Hafsia Herzi (Sonia), Serge Riaboukine (José)…

Synopsis

Jimmy Rivière est un jeune Gitan, solaire, nerveux, parfois trop. Sous la pression de sa communauté, il se convertit au pentecôtisme et renonce à ses deux passions : la boxe thaï et Sonia.
Mais comment refuser le nouveau combat que lui propose son entraîneur ? Et comment résister au désir si puissant qui le colle à Sonia ?
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Jimmy Rivière
Aujourd’hui Jimmy fait son entrée dans le monde de Jésus. Là au milieu de ce grand rassemblement (impressionnant) des voyageurs, des caravanes rutilantes en veux tu en voila, un immense chapiteau destiné aux sermons du pasteur et à tous ceux qui sont là pour l’écouter, ces prêches assénés avec la ferveur d’un marchand de foire !
Aujourd’hui Jimmy dénonce ce qui était sa vie hier, sa violence bien qu’en partie canalisée grâce la pratique de la boxe thaï, ses soirées de débauches et beuveries en tout genre, bref dans un sens Jimmy semble renoncer à une vie de jeune mec pour devenir soit un époux convenable soit ce à quoi son pasteur semble le destiner, en faire un guide, un berger, un autre lui-même en quelque sorte !
Aujourd’hui Jimmy est plongé dans les eaux du fleuve pour son baptême !
Si dans un tout premier temps  Jimmy apparait grisé par sa nouvelle respectabilité, au grand dam de son ancienne coach (Béatrice Dalle…que j’aimais !!!) , cette dernière goutte la plaisanterie assez mal d’autant qu’elle vient d’obtenir un combat lucratif et à la porté de son vaillant poulain…Seulement voila  encore auréolé de sa nouvelle respectabilité celui-ci ‘est pas prés de changer d’avis !
De même quand relancé par son ancienne copine  Sonia (Hafsia Herzi) la tentation se précise, la pente devient savonneuse, et rapidement le sang chaud qui coule dans ses veines l’emporte, il cède à Sonia, facile  quand on est amoureux, et reprend en catimini les entrainements.

Voici le film lancé, survolant la condition des gens du voyage, le film s’arrête plus précisément sur la difficulté de respecter tradition et possibilité d’être simplement soi-même. Un gitan amoureux d’une gadjo, un sportif qui a besoin de laisser sa hargne s’essouffler sur un ring de boxe. Bref des actes et sentiments proscrit par la communauté, en désaccord avec son baptême même, et pourtant, assis entre deux chaises, Jimmy choisira d’être simplement lui-même et de se présenter tel devant les siens, amoureux d’une gadjo et jeune chien fou pour encore quelque temps, nous parions ?
Jimmy Rivière , Film né sous la plume et la caméra d’un gars du voyage : Teddy Lussi-Modest trouve en la personne de Guillaume Gouix  le personnage  parfait, criant de vérité. Le trouble, l’hésitation qui est la sienne parfaitement rendus, la fusion charnelle  entre les deux êtres de feu que sont Jimmy et Sonia accouche d’une passion torride magnifiquement rendue à l’écran.
Jimmy retournera devant les siens, entendre ce qu’ils ont à lui dire ? S’expliquer et faire valoir son droit..D’exister  et d’aimer…très certainement !
La dernière image est sublime, démarche chaloupée, libre mouvement des mains vers le ciel, « un fils du soleil et du vent»   !
Voila impossible de ne pas rapprocher cette fiction de l’excellent  presque documentaire « La B.M du seigneur » de Jean Charles Hue   , merveilleuse façon d’appréhender l’autre et chasser des peurs que l’on voudrait nous inculquer ! Et pourquoi ne pas revoir aussi « Liberté » de Tony Gatlif  , se rappeler du lourd tribut payé par ce peuple !

CritiKat.Com « …la scène où Sonia débarque dans le vestiaire des boxeurs pour crier sa colère à celui qu’elle aime est une des plus surprenantes déclarations d’amour qu’il ait été donné de voir ces derniers temps au cinéma… »
Le Monde.Fr – « Jimmy Rivière » : candide tête brûlée

Never let me go – De Mark Romanek

Never Let Me Go 
(Grande-Bretagne, États-Unis)
Réalisation de
Mark Romanek 
Scénario d’Alex Garland,

D’après le roman Never Let Me Go (Auprès de moi toujours) de Kazuo Ishiguro.

Interprétation : Carey Mulligan (Kathy), Andrew Garfield (Tommy), Keira Knightley (Ruth), Isobel Meikle-Small (Kathy enfant), Charlie Rowe (Tommy enfant), Ella Purnell (Ruth enfant), Charlotte Rampling (Miss Emily), Sally Hawkins (Miss Lucy)…

Synopsis

Trois amis, élevés dans un pensionnat à l’écart du monde, vont découvrir qu’ils sont en réalité des clones dont l’existence a pour unique objectif le don de leurs organes…
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Never let me go
Cela commence comme une simple mais profonde amitié entre un gamin Tommy (Andrew Garfield )que les piètres performances en sport comme en dessin mettent un peu à l’écart et une gamine Kathy( Carey Mulligan), touchée et déjà secrètement amoureuse. l’amitié progresse alors que les années passent, un professeur nouvellement arrivé, apprécié des élèves vendra la mèche et se verra aussitôt renvoyé, sans que le secret dévoilé n’affecte outre mesure l’intellect, le moral des pensionnaires. Comme s’ils savaient leur destin inéluctable, pire normal comme une chose coulant de source.
Ces enfants élevés ici dans l’enceinte stricte de l’immense pensionnat, sans contact avec aucune famille constituent un réservoir, un stock de pièces détachées pour futurs malades, ces gamins devenus ados puis jeunes adultes alimenteront le vivier où l’institution puisera le matériel nécessaire aux futurs dons d’organes selon un processus bien établi !
Alors que le destin, aidé il est vrai, voit Ruth (Keira Knightley) ravir son compagnon à une Kathy meurtrie,  nos trois amis cependant continuent le chemin qui est le leur. Passant de l’internat à la ferme, air pur et premier contact avec le monde extérieur. Au compte goutte presque, elle semble pourtant effarante cette résolution, cette résignation, cette acceptation qui est la leur. Seule une (légende ?) un couple véritablement amoureux échapperait aux dons multiples, obtiendrait du moins un sursis.
Tandis que le couple Ruth-Tommy espère en ce possible sursis, Kathy intègre les accompagnateurs, auxiliaires censés faciliter et préparer moralement chaque « élu » avant un nouveau, voir l’ultime don.
Viendra un jour l’heure des retrouvailles pour nos trois amis, l’heure d’une bien amère vérité aussi !

Ce film remarquable d’austérité, propice à créer le malaise sans avoir recours au moindre effet qui serait propre à l’anticipation-fiction s’appuie sur la destinée de ses trois héros, destin inéluctable , une vie bien courte pourtant  une certaine chaleur mêlée de mélancolie se dégage de l’ensemble, mourir jeunes mais non sans avoir gouté au suc de l’existence, privilège de la jeunesse, cela même qui sera refusé on l’imagine aux futurs receveurs, sans doute richissimes et..vieux !
Voilou, on abandonne Kathy et Tommy leur amour enfin consommé….aux portes de…mais là ce sera à vous de les pousser, j’en ai déjà trop dit !
Un film qui ne vous filera probablement pas une pêche d’enfer mais mérite largement d’être vu !

 CritiKat.Com « …Never Let Me Go peut ainsi être vu, au choix, comme une métaphore sur une génération sacrifiée sur l’autel du progrès ou un pamphlet sur les limites de la science et les questionnements éthiques qu’elle suscite, ou les deux à la fois. On peut aussi choisir de ne pas s’appesantir sur les messages un peu trop « Dossiers de l’écran » que le film inspire mais sur sa belle galerie de personnages. Leur jeunesse et leur beauté donnent à la morbidité de leur avenir une cruauté presque fascinante : cette aberration sociale (dépouiller les jeunes de leurs organes vitaux pour permettre aux mourants de vivre plus longtemps) donne au film une teinte presque militante, d’autant plus efficace qu’elle n’est jamais surlignée (aucune trace de discours politique ici), mais plutôt effacée derrière son scénario romanesque en diable… »
Le Monde.Fr – « Never Let Me Go » : un cauchemar anglais platement illustré

Avant L’Aube – De Raphaël Jacoulot

Avant L’Aube
Réalisation de  
Raphaël Jacoulot

Interprétation : Jean-Pierre Bacri (Jacques Couvreur), Vincent Rottiers (Frédéric Boissier), Ludmila Mikaël (Michèle Couvreur), Sylvie Testud (Sylvie Poncet)…

Synopsis
Frédéric, un jeune en réinsertion, travaille dans un grand hôtel à la montagne. Un client disparaît. Frédéric suspecte la famille qui l’emploie mais choisit de protéger son patron, cet homme qui le fascine. Bientôt, il est mis en danger.

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Pas de véritable suspense ou si peu dans ce faux polar où on se laisse happer malgré tout par l’histoire voir où elle nous conduira ! Facile aussi d’être séduit par les éternels bougonnements de Jean-Pierre Bacri  face à lui le jeune talent déjà bien confirmé de Vincent Rottier (à nouveau exceptionnel !), visage dur et regard froid de celui qui a tâté de la prison. Ce dernier excelle dans le rôle de celui qui ne demande rien mais à qui on offre tout, façon délicate de lui mettre un doigt sur la bouche ! Quand bien plus tard arrive Sylvie Testud en inspectrice style Colombo ayant troqué la 403 pour une Twingo, le basset pour un énorme et maousse toutou et l’imperméable pour des tonnes de tricots et écharpes en tout genre, plus un paquet de kleenex ! Apparemment folklo et  inoffensive…Quoique !!!

CritiKat.Com « …D’ailleurs, le film tire une source encore plus puissante de suspense et d’énergie des zones d’ombre de son autre protagoniste, l’adolescent trouble et troublé incarné tout en respiration et en rage rentrée par Vincent Rottiers. Alors que le personnage semblait voir établi son rôle conventionnel de témoin gênant solitaire luttant pour sa survie et son intégrité, voilà que la mise en scène s’attarde par endroits sur son caractère impulsif et incontrôlable, moins fiable qu’on ne s’y attendait, possible artisan de sa propre destruction et d’autres cataclysmes (la scène où, au volant d’une voiture sous la pluie, il tente de dépasser un camion par jeu devient ainsi un petit moment de suspense implacable)… »
Le Monde.Fr – « Avant l’aube » : face-à-face d’innocents aux mains sales

Le Voleur de Lumière – De Aktan Arym Kubat

Le Voleur de Lumière 
(Svet-Ake, Kirghizistan)
Réalisation de
Aktan Arym Kubat

Scénario de Aktan Arym Kubat & Talip Ibrahimov
Interprétation : Aktan Arym Kubat (« Monsieur Lumière »), Taalaikan Abazova (Bermet), Askat Sulaimanov (Bekzat), Asan Amanov (Esen), Stanbek Toichubaev (Mansur)…

Présenté en 2010 au festival de Cannes – la Quinzaine des Réalisateurs

Synopsis

On l’appelle Monsieur Lumière ( Svet-ake ). Dans ce village perdu au milieu des montagnes Kirghizes, loin du pouvoir et de l’économie, il entretient les lignes, trafique parfois les compteurs pour venir en aide aux plus démunis.Coeur ouvert et généreux, il ne leur apporte pas seulement l’électricité : il écoute, conseille, conforte les peines et tempère les disputes conjugales de ces villageois oubliés par la civilisation moderne.Monsieur Lumière a un rêve : construire sur les montagnes des éoliennes pour alimenter toute la vallée en électricité. Mais il va devoir faire face à des hommes puissants et corrompus qui sont les nouveaux maîtres du pays.

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Devant sa maison une rudimentaire éolienne fait tourner une bien pauvre courroie et un simple fil électrique mène à une ampoule fragile dont le filament ne rougit pas encore. Oui il a de grand rêve notre voleur de lumière, construire des éoliennes là où souffle le vent …
En attendant il parcourt la contrée sur sa bicyclette, va de maison en maison, rétablit le courant chez les plus pauvres d’entre eux. Ceux qui ne peuvent pas payer l’électricité, il installe de rudimentaires installations, en fait il détourne un peu à la manière d’un bon « Squatteur» « l’électricité publique, allant parfois par inadvertance jusqu’à faire tourner l’ancien compteur dans le mauvais sens, le temps de chauffer à l’aide d’une résistance un peu d’eau et déguster un thé chez celui qui l’a convié.
Il s’aide de crampons pour grimper aux pylônes, et prend ainsi quelques risques il est vrai ! Il s’attire aussi les foudres des autorités et notamment l’agence pour l’électricité régionale, se fait arreter, et après une admonestation du maire (un vieil ami) retrouve la liberté à condition qu’il stoppe ses coups d’éclats anarchiques !
Car s’il peut compter sur l’amitié de tous dans la vallée, le maire en premier, des politiques plus haut placés, gangrénés par l’appât du gain et du pouvoir, ambitions politiques obligent, le récupèrent dans un premier temps lui offrant du travail, électriser une yourte. Symbole local qui accueillera une délégation d’hommes d’affaires chinois….

Démarré sur des images fortes, celles des traditions locales, du rassemblement des anciens à la course de chevaux dont les cavaliers cherchent à monopoliser une carcasse de brebis, le film dénonce ensuite la corruption ambiante. Voulant y échapper notre monsieur Lumière déjà mal à l’aise, explose de colère quand la situation devient scabreuse. A sa façon d’un militant des droits de la femme, simplement le respect et la dignité ! Il en payera le prix…d’une manière typiquement Kirghize hélas !
Voila un nouveau petit voyage dans la steppe plus marqué politiquement mais où la poésie du lieu et des êtres demeure toujours bien présent dans cette immensité !
 CritiKat.Com « ..Et si l’apparente légèreté est souvent de mise, Aktan Arym Kubat pose un regard profondément critique sur les dérives de l’économie galopante qui vient gangrener les traditions séculaires…. »
Le Monde.Fr – « Le Voleur de lumière » : l’électricité pour les pauvres

J’AIME PAS MA T.V ! SAUF QUAND…

Pour un passage trop bref,
mais si bon ! si rare! d’y voir 

Hubert-Félix Thiéfaine

court coucou au grand Journal 
et l’occasion de replonger avec toujours le même délice, la même folie, la nostalgie, un léger voile de tristesse vite remplacé par un vent rebelle et toujours la puissance des mots, cette poésie étrange, urbaine, bien souvent. Une musique faite de mots, de sang, de vie et de mort ! Sombre mais pas totalement désespéré..juste un peu !
Voila sur la platine tourne ce soir le double live de Bercy 98
« L’ascenseur de 22h43″ précede « Exil sur Planète fantôme » pour sur le second cd retrouver « La ballade d’abdallah genonimo cohen » ou bien « Un exercice simple provocation avec 33 fois le mot coupable » 
et voila 32 titres , émotions et frissons garanties !
was ist das, was ist das rock’n roll  !!!
Et puis mercredi chez votre disquaire favori

Suppléments De Mensonge
d’Hubert-Félix Thiéfaine

Pour une pochette très Stoogienne, Iguannesque !

En attendant  mise en bouche sur le site officiel

Entrée du site

Winter’s Bone – De Debra Granik

Winter’s Bone 
(États-Unis, 2010)
Réalisation de 
Debra Granik
Scénario de 
Debra Granik & Anne Rosellini.

D’après  le roman de Daniel Woodrell.

Interprétation : Jennifer Lawrence (Ree Dolly), John Hawkes (Teardrop), Garret Dillahunt (Shérif Baskin), Sheryl Lee (April), Lauren Sweetser (Gail)…

Grand Prix au Festival de Sundance 2010

Prix du Jury au 36e Festival Du Cinéma Américain De Deauville 2010

Synopsis
Ree Dolly a 17 ans. Elle habite au coeur du Missouri, dans la forêt des Ozarks et assure seule la subsistance de sa famille:  son frère et sa soeur plus jeunes, sa mère malade.Ses efforts assurent à ce foyer un équilibre précaire.
Celui-ci se trouve menacéquand le père, pour sortir de prison, hypothèque leur maison et prend la fuite.
Ree n’a alors d’autre choix que de se lancer à sa recherche sous peine de tout perdre.Elle va se heurter à la loi du silence qui règne dans cette contrée sauvage.
Elle n’a qu’une idée en tete : sauver sa famille.A tout prix !

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Winter’s Bone
Quand Ree racle le fond du frigo pour assurer un déjeuner minimum  à son petit frère et à sa encore plus jeune sœur, elle ne sait jamais de quoi demain sera fait. Dans l’attente du retour d’un père qui ne vient pas, dans l’absence passive d’une mère présente physiquement mais moralement et mentalement out, elle porte seule le poids du foyer, aidée discrètement par un couple de voisin, car ici on ne quémande pas, mais l’on accepte sans histoires ce que l’on vous offre, elle profite ainsi parfois d’un peu de gibier, et peut laisser sa jument profiter du foin de ses voisins.
Emmener le long du chemin, à travers bois les deux enfants à l’école, rentrer fendre du bois, se mettre à l‘affut et guetter les quelques écureuils qui assureront  le prochain repas, former les deux petiots à l’art de la chasse aussi bizarre que cela puise paraitre pour des enfants aussi jeunes, une question de survie encore plus que de traditions ici dans cette région isolée, faite de forêts où seuls quelques riches éleveurs prospèrent, pour les autres la vie est une lutte ,leur caractère a tous : rude voire rustre. Pour certains la vie se situe toujours à la marge, ici on prospère maintenant grâce à la méthamphétamine, facile à fabriquer quand on ne fait pas exploser tout un labo !
Cela fut-il le destin du père de Ree ? C’est apparemment ce qu’on voudrait lui faire croire, car dans sa recherche du père Ree bouscule et dérange toute une communauté où un mot d’ordre, une presque religion domine, la fermer !
Mais cette gamine accrocheuse a de qui tenir, cette communauté de taiseux, rude, prompt à la bagarre elle y puise ses origines, pour elle une seule chose importe retrouver son père, mort ou vif afin d’empêcher la saisie de leur seul bien , la maison familiale, alors que même le frère de ce dernier, son oncle donc , vieux complice du trafic paternel lui conseille d’abandonner , avant qu’il ne soit trop tard ….
Debra Granik réalise une épopée rurale, sorte de fantasia chez les ploucs, où les honnêtes paysans se partagent avec des trafiquants et consommateurs de narcotiques, où l’éleveur prospère aussi bien dans la viande bovine que dans le marché des amphétamines !

La réalisatrice exploite à merveille les richesses mises à sa portée, des paysages aussi grandioses, forets  à perte de vue qu’inquiétants, les tons bleuâtres d’une lumière tamisée par les arbres donnent à l’ensemble un coté surréaliste. On songe parfois à David Lynch quand tout baigne dans une fausse torpeur, les portraits enfin échappés d’une Amérique profonde faite de semi hors la loi . A ce titre, Teardrop (John Hawkes) excelle dans le trait d’union qu’il incarne entre sa nièce et ce monde inquiétant…et je songe à Denis Hopper
Mais celle qui survole, surclasse le tout, en jeune fille intrépide, Ree Dolly (Jennifer Lawrence) un souffle de tendresse vis  à vis de ses petiots, frère et sœur à elle seule confiés, et sur lesquels elle veille farouchement, terriblement jusqu’à l’impensable (voir la scène de récupération..) prête à tout pour continuer à en assurer la garde, là, Chez Eux !
Un film abrupt mais pourtant vivement conseillé ! 

Excessif.Com « ..Autour d’elle, la nature semble posséder une force matérielle et spirituelle – il faut être attentif aux sons, aux bruits, aux murmures. Sa seule arme, c’est la foi inébranlable qui l’anime: elle a des qualités de cœur et un esprit d’indépendance qui lui feraient soulever des montagnes. L’actrice qui l’incarne (Jennifer Lawrence, une révélation) illumine cet univers d’ombres comme un ange, seule bougie d’une Amérique profonde : elle a un visage d’enfant mais s’exprime comme une adulte. A l’image de ce paradoxe, le film est à la fois doux et angoissant… »
CritiKat.Com « …Et c’est probablement à ce niveau-là que Winter’s Bone s’en sort le mieux. Évitant les généralités sociologiques, le film ne déborde pas du cahier des charges que la réalisatrice avait fixé : faire corps avec son personnage principal et le suivre dans sa quête. Mais là où le film se heurte à sa grosse limite, c’est que cette quête n’a en soi rien de bien passionnant, la faute à un scénario qui s’en tient paresseusement à un seul enjeu dramatique là où il aurait été intéressant de multiplier les pistes…. »
Le Monde.Fr – « Winter’s Bone » : voyage au bout d’une nuit d’hiver

True Grit – De Ethan & Joel Coen

True Grit
Un film américain de
Ethan & Joel Coen
Avec Matt Damon, Jeff Bridges, Josh Brolin, Barry Pepper, Hailee Steinfeld  …

D’après le roman de Charles Portis « True Grit ». (Remake de 100 Dollars Pour Un Sherif …??? )

L’HISTOIRE :
Mattie Ross, quatorze ans, est déterminée à rendre justice à son père, tué de sang-froid par le lâche Tom Chaney. Elle engage Rooster Cogburn(Jeff Bridges), un Marshall alcoolique réputé pour avoir la gâchette facile, et décide de l’accompagner (malgré ses réticences) à la poursuite de Chaney.  Ils devront  traquer le criminel jusqu’en territoire Indien, et le trouver avant LaBoeuf (Matt Damon), un Ranger également à sa recherche pour un meurtre commis au Texas.

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True Grit
Les frères Coen nous régalent d’une chevauchée fantastique dans l’Ouest. Invitant comme fil (ou fille) conducteur une charmante fillette (Hailee Steinfeld un premier role parfaitement maitrisé, bravo !), sorte d’Alice au pays du western, une enfant n’ayant pas froid aux yeux et surtout une langue bien pendue doublée d’un caractère bien déterminé, bref une farouche volonté : celle de retrouver et châtier l’assassin de son père ! Déboulant dans ce petit boug émergeant de l’ouest, Notre jeune Mattie assiste d’emblée à une triple pendaison, justice expéditive et clin d’œil macabre des deux frangins envers la population indienne. Premières figures, de la bienveillante hôtelière, un sou est un sou, à l’homme d’affaires, trop honorable pour ne pas être un peu filou, la jeune Mattie gère ses affaires avec une maestria toute féminine pour un si petit bout de femme.
Son but, et rien ne l’arrêtera, se lancer sur la piste du meurtrier et engager pour cela le meilleur d’entre les meilleurs. En l’occurrence celui dont le palmarès est conséquent, tellement qu’il se retrouve sur la sellette accusé d’une justice par trop expéditive, trop leste  sur la détente, comme l’atteste son tableau de chasse. Rooster Cogburn Jeff Bridges , plus cabot que jamais) l’homme qui niche parmi les canards laqués dans l’arrière boutique de l’asiatique de service. Ce vieux pirate, borgne mais redoutable, un vieux coyote qui baigne aussi avec allégresse dans le whisky se laisse finalement convaincre, par une prime substantielle et la détermination de la donzelle. Ce qui ne l’empêchera pas, au petit matin de prendre contrairement à sa promesse la route seule, la traque au criminel dans l’ouest de tous les dangers n’est pas l’affaire d’une gamine.
Mais cette dernière a du cran et tôt fait de les rattraper, le vieil ivrogne de Marshall et le jeune ranger LaBœuf ( une caricature , ce ranger texan, magnifiquement campé par Matt Damon,, des bottes aux éperons rutilants jusqu’à son minuscule cheval indien, un appaloosa , n’ont d’autres choix que de l’embarquer sur les traces du « desesperado » !
Commence alors une épique cavalcade faite de rencontres étranges, un pendu, un étrange ramasseur de cadavres, un ours à cheval, incroyable non, et bien sur tout une horde de brutes …le strict minimum pour laisser les Coen s’en donner à cœur joie, et nous aussi, nous arrachant à notre siège pour un sursaut dont ils ont le secret, bien trash évidemment !

L’ensemble dispensé dans des panoramiques immenses, laisse place aussi à de sombres recoins, les nuits dans l’ouest ne sont pas toujours de tout repos, mieux vaut ne dormir que d’un œil !!!
Voilà une œuvre qui n’entrera  pas au panthéon des brothers Coen, de leur collaboration avec Jeff Brigdes ont retiendra encore et toujours l’inoubliable « The Big Lebowski » mais quoi qu’il en soit on fêtera dignement cette incursion dans le western, encore une pièce au tableau qu’ils dressent de l’Amérique, au travers ce qu’elle a de plus vrai et vivant…ses occupants, passés ou contemporains !

Fan de Cinéma.Com – True Grit, un western des frères Coen qui a de la moelle…par Emmanuel Pujol
CritiKat.Com « …Soulignons au passage que les trois protagonistes (Hailee Steinfeld, Jeff Bridges et Matt Damon) honorent leurs contrats et s’adaptent parfaitement au phrasé si particulier, à la limite du compréhensible, des deux frangins. Mais cela ne suffit pas à maintenir un rythme, à intéresser l’œil qui se focalise sur un combat d’acteurs, et l’oreille, saturée par une musique digne des pires morceaux de bravoure eastwoodiens. Sûr de son atmosphère, True Grit néglige son décor humain secondaire, ses péripéties et son combat….
Le Monde.Fr – « True Grit » : les frères Coen ressuscitent le western

Santiago 73, post mortem – De Pablo Larraín ( Chili)

Santiago 73, post mortem
(Post Mortem, Chili, Mexique, Allemagne, 2010)
Réalisation de  
Pablo Larraín

Scénario de Pablo Larraín & Mateo Iribarren
Interprétation : Alfredo Castro (Mario Cornejo), Antonia Zegers (Nancy Puelmas), Jaime Vadell (docteur Castillo), Amparo Noguera (Sandra Carreño), Marcelo Alonso (Víctor), Marcial Tagle (capitaine Montes)…

En compétition à la 67ème Festival International Du Cinéma De Venise 2010

Résumé
Santiago du Chili, septembre 73. Mario travaille à la morgue, où il rédige les rapports d’autopsie. Amoureux de sa voisine Nancy, une danseuse de cabaret soupçonnée de sympathies communistes, sa vie va être bouleversée par le Coup d’Etat contre Salvador Allende
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73, comme le col de chemise, comme les couleurs déjà démodées avant de l’être, 73 année d’un certain basculement au Chili.
Pourtant tout semble réglé comme un triste et eternel papier à musique dans la vie de Mario, ses allées et venues au boulot au volant de sa minuscule voiture, sa vie monotone de célibataire, cet homme au look étrange, un faciès au couteau, barré d’une frange de longs cheveux blondasses, il porte un costume trois pièces de l’importance du fonctionnaire. Mario travaille à la morgue de Santiago et rédige tant bien que mal des rapports d’autopsie, qu’il note au crayon avant de les faire taper à la machine par un petit voisin. Son hobby, sa passion, observer sa voisine, une artiste de cabaret, il guette ses entrés sorties et soulage d’inévitables pulsions érotiques en songeant à elle.
Alors qu’il ose enfin l’aborder, l’ayant suivi jusque dans les entrailles, coulisses, du spectacle, il découvre une femme sur le point d’être virée.
Pablo Larraín plante un décor, à grand renforts de couleurs ternes, cette rue, ce vieux music hall, les très rares scènes d’extérieur, faite de grisaille ou de couleurs atones, le logement tristounet de Mario  servant de terrain de rencontre entre deux solitudes, est-ce un amour naissant. Mario voudrait tant y croire, lui qui déjà formule sa demande, alors que dehors les manifestant défilent.
Quand il reviendra après une journée de travail harassante, après avoir croisé parmi tant de cadavres un homme sortant du lot, pour la dépouille duquel tout un état major semble s’être déplacé…celle qu’il chérit se serait-elle évaporée, alors que dans les rues , nombre de maisons paraissent dévastées, pillées, incendiées !

Pablo Larrain ne nous éclaire en rien, ses personnages interprètent dans des décors pouvant aussi bien être de cartons-pate une étrange comédie, tantôt absurde et alors une certaine drôlerie l’emporte. Mais la plupart du temps, alors que les corps s’amoncellent dans cette morgue où l’on se livre désormais à un rapide comptage , le rire vire au jaune et seul notre héros survole tout cela sans sourciller, qu’on lui démontre qu’il vient de prendre le train de l’histoire et le voici auréolé d’une certaine importance. Oui notre héros est un beau et bon crétin, oui même son amour peut se révéler dangereux, cacher cet amour s’il ne peut être mien, ensevelissez le …..Enrage-il !
Pablo Larrain ne cite, ne nomme rien, ni personne pourtant oui il s’agit bien du Chili et l’autopsie si critique est celle de Salvador Allende, les militaires sont ceux aux ordres de Pinochet, …et Mario un petit, tout petit rouage de ce nouveau régime !

L’arrivée au pouvoir d’une dictature militaire à grand renforts de cadavres, quel meilleur endroit qu’une morgue pour évoquer l’horreur sans avoir à l’afficher !

CritiKat.Com « …Pablo Larraín n’a rien laissé au hasard. Une large gamme de teintes brunâtres dépeint l’empâtement maladif, l’automne dépassionné où s’endort la capitale chilienne. Les motifs oppressants des papiers peints, la présence forte des cloisons, la monotonie des lignes verticales et horizontales, la grisaille du climat et du béton dont est construite la ville, tout jusqu’au grain de la pellicule traduit un manque d’air, un manque d’espace, une liberté agonisante. À cette morne anesthésie répond une inquiétude de chaque instant : il ne peut plus s’agir que d’un léger choc pour que tout s’effondre puisque, déjà, tout s’affaisse.
Le Monde.Fr – « Santiago 73, post mortem » : le coup d’Etat chilien vu par un employé de la morgue

Black Swan – De Darren Aronofsky

Black Swan
(États-Unis, 2010)
Réalisation de Darren Aronofsky.
Scénario : Mark Heyman, Andrés Heinz et John McLaughlin, sur une histoire d’Andrés Heinz.
Interprétation : Natalie Portman (Nina), Vincent Cassel (Thomas Leroy), Mila Kunis (Lily), Barbara Hershey (Erica Sayers), Winona Ryder (Beth Macintyre), Benjamin Millepied (David), Ksenia Solo (Veronica), Kristina Anapau (Galina)…

Golden Globes 2011 de la meilleure actrice pour Natalie Portman
Bafta 2011 de la meilleure actrice pour Natalie Portman

Résumé :

Nina est ballerine au sein du très prestigieux New York City Ballet. Sa vie, comme celle de toutes ses consoeurs, est entièrement vouée à la danse. Lorsque Thomas Leroy, le directeur artistique de la troupe, décide de remplacer la danseuse étoile Beth Mcintyre pour leur nouveau spectacle, « Le Lac des cygnes », son choix s’oriente vers Nina. Mais une nouvelle arrivante, Lily, l’impressionne également beaucoup. « Le Lac des cygnes » exige une danseuse capable de jouer le Cygne blanc dans toute son innocence et sa grâce, et le Cygne noir, qui symbolise la ruse et la sensualité. Nina est parfaite pour danser le Cygne blanc, Lily pour le Cygne noir. Alors que la rivalité de Nina et Lily se mue peu à peu en une amitié perverse, Nina découvre, de plus en plus fascinée, son côté sombre. Mais s’y abandonner pourrait bien la détruire…

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Elle semble évanescente, Nina(Natalie Portman). Un ange en tutu blanc. Une danseuse abîmée dans sa recherche de la perfection, la danse comme accord parfait, le geste et la musique, émission, retranscription, corps et musique, expression et émotion. ..selon le bon vouloir du maitre de ballet Thomas (Vincent Cassel), ambitieux, désireux de dépoussiérer ce Lac des cygnes , d’en offrir une version où le cygne blanc se mue en cygne noir, où l’innocente blancheur cède place à un démon brulant et fiévreux. Une demande présente donc à sa danseuse, celle qui remplace l’ex-star du ballet, un choix emporté sur le fil par Nina face à la brune et fiévreuse Lily (Mila Kunis ) pour un baiser mordant, une réaction quasi fauvesque dont la blonde réservée ne se serait jamais cru capable, surprenant jusqu’à son directeur lui-même .
En héritant la place d’étoile, la tension et l’exigence, d’elle-même, de son entourage, se fera de plus en plus lourd à porter, le corps suit, même si les pieds souffrent mais la tension nerveuses peu à peu s’insinue dans un esprit peut-être déjà un peu fragile.
Nous découvrons le petit coin maison de poupée, illusoire abri de Nina auprès d’une mère ex danseuse, elle-même un tant soit peu névrosée. Tandis qu’au dehors les mauvais signes assombrissent la situation, l’accident terrible de la précédente étoile sitôt ses adieux au corps de ballet effectués marque Nina !
Alors que se succèdent les éprouvantes séances de travail, l’esprit de Nina semble vaciller, elle devient sujette à d’étranges visions….


Darren Aronofsky crée une atmosphère de plus en plus oppressante, est-le reflet de la tension étreignant son héroïne alors que le grand jour approche. Les nombreuses déformations de la réalité ne sont-elles dues qu’à elle seule ?
Sa doublure Lily, ne cherche-elle pas à s’approprier le rôle, sa propre mère jalouse ne tient elle pas à empêcher sa réussite   ?
Dans une tension qui va crescendo tel un  soir de première, l’instant du verdict a sonné ! Livré à la foule, au public et à son jugement, peut-il  tel ces César s’un geste du pouce délivrer son message et Nina osera –elle l’affronter…
Voila je ne dévoile quasiment rien, le tout étant surtout affaire d’impressions, de capter un sentiment, une sensation dans l’air du film, j’ai longtemps hésité et pourtant comme plus d’une semaine après l’avoir vu son souvenir, les images restent, bien installées et les faits, certains actes s’éclaircissent…Car on ne déchiffre pas toujours aisément une névrose sous de tels atours artistiques !
Aronofsky monte son film , passant alors en revue la personnalité dérangée de sa diva, usant de multiples procédés pour évoquer le malaise l’enveloppant et l’on son songe à Deneuve captée par Polansky dans « Répulsion » et à son personnage à l’esprit malade. Jouant alors du talent de sa danseuse, étoile d’un soir, extraordinaire Natalie Portman, prude virginale puis noire déesse de ce ballet dédoublé, le réalisateur manie alors les codes du film d’angoisse procédé dans lequel il excelle!
A voir !

CritiKat.Com « …À son meilleur, Black Swan poursuit la douloureuse exploration entamée avec The Wrestler. Le spectacle est un ogre qui hume la chair fraîche, dévore ses enfants et en recrache cruellement les restes sur le carreau. Il prélève sur ses victimes un lourd impôt de sang. Aronofsky scrute les altérations de son actrice, les rougissements de son épiderme et ne s’en écarte qu’à de rares occasions. Ce ne sont ni la danse, ni même le travail, qui l’intéressent. C’est la performance et ce qu’il en coûte. Le sacrifice se mesure précisément en stigmates : plus que la lourde symbolique des ailes qui lui poussent, on repère cette terrible dîme aux rougeurs qui naissent sur la peau de Nina, au bruit de ses os qui craquent lors des étirements, à ses ongles qui se fissurent et tombent… »
Le Monde.Fr – « Black Swan » : pas de deux terrifiant pour danseuse schizophrène